Le triple défi de Bryon Ehrhart sur la Rolex Fastnet Race

Réaliser le triplé sur la Rolex Fastnet Race en monocoque, c’est le graal des plus grands marins du monde. Un exploit qui n’a jamais été réalisé depuis la création de cette course mythique il y a près d’un siècle. Sur une même édition, il s’agit d’arriver en tête, de battre le record et, en plus, de s’imposer en temps compensé. Cette année, les étoiles n’ont jamais été aussi bien alignées pour l’Américain Bryon Ehrhart à bord de son Lucky, un monocoque de 88 pieds taillé pour les défis hors-norme.

En dehors des Ultims, Lucky est considéré comme la machine la plus rapide de cette édition. Long de 88 pieds (27 mètres), équipé d’une quille pivotante, il est le plus grand monocoque engagé et fait figure de grand favori pour arriver en premier à Cherbourg-en-Cotentin. Ses plus proches concurrents sont le Maxi 72 Notorious ou les VO70, des bateaux véloces mais qui, en vitesse pure, auront du mal à tenir tête au grand Lucky qui, sous son ancien nom de Rambler 88 a déjà deux fois remporté le Line Honour.
 
Bryon, patron d'une compagnie d'assurance, a donc toutes les chances du monde d’obtenir le Line Honour mais ce n’est qu’une des conditions à obtenir pour le triplé. Il faut en effet également battre le record, établi en 2021 sur ce nouveau parcours en 56 heures 33 minutes et 55 secondes par le géant Skorpios, un titan de 38 mètres (125 pieds). Là encore, ce record semble à la portée de l’étrave de Lucky. Sur ce nouveau parcours, il a été établi dans des conditions de vent faible et peut donc être amélioré pour peu que la météo soit de la partie.
 
S’offrir le doublé est déjà un accomplissement suffisant pour combler bien des marins. En 50 éditions, seuls cinq participants ont réussi à réaliser cet exploit mais Bryon Ehrhart, à bord de Lucky pourrait aller encore plus loin pour peu que les vents lui soient favorables. Si la course de cette année favorise les "gros bateaux" avec des vents forts au début de la course puis qui tombent par la suite, Lucky a une chance de remporter le prix du temps compensé.
 
Erhart, qui a déjà participé trois fois à la Rolex Fastnet Race est aimanté par cette Rolex Fastnet Race. « C'est certainement l'un des classiques mondiaux et c'est la raison pour laquelle je m'y intéresse depuis que je me suis lancé dans la voile hauturière - pour faire les classiques et les faire bien. Je l'ai faite trois fois et je ne l'ai jamais bien faite, c'est pourquoi je reviens pour la quatrième fois. » La montée en puissance de son actuel 88 pieds à quille basculante permet à Ehrhart de disposer d'un bateau mieux optimisé pour la course au large, compétitif et marin dans un plus grand nombre de conditions. A bord, on retrouvera de nombreux anciens équipiers de George David, menés par Brad Butterworth et remplis de légendes de l'America's Cup et de la Volvo Ocean Race. « Ce sont des marins fantastiques. Les systèmes de ce bateau sont complexes – beaucoup plus que sur mes précédents bateaux - et il faut des gens très intelligents pour le faire fonctionner au mieux » poursuit le skipper de Lucky.

RORC/Rick TomlinsonRORC/Rick Tomlinson